Page:Lemonnier - Le Bon Amour, 1900.djvu/33

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le froid seul de la mort était resté. Tout est bien fini, songeai-je. Nous ne nous sommes reconnus que pour mieux nous ignorer. C’est la destinée. Fréda et moi n’étions pas faits pour nous comprendre.

J’étais comme un homme qui a marché longtemps dans une plaine aride, cédant à une injonction inconnue. Ensuite, aux confins du ciel, il a vu se lever le mirage d’une oasis et il est reparti, avec la certitude de n’être venu de si loin que pour voir l’oasis et n’y point aborder. Je n’avais plus de tristesse. Ce n’était pas de la résignation non plus, ce n’était rien qui rappelât encore la douleur. Je vivais doucement d’une vie tiède et molle dans le vide de moi-même. Tout au fond de moi, j’entendais battre mon cœur à petits