Page:Lemonnier - Le Bon Amour, 1900.djvu/39

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Fréda fut bien la cause pour laquelle la pensée d’un séjour à la mer me devint pénible comme un souvenir profané. Mais la vie est régie par de si inexprimables mouvements ! Je parlai dans ce moment comme si Fréda et moi n’avions laissé derrière nous aucune part de notre cœur. L’air vibrait encore de sa voix expirée ; une onde ardente et sensible me parcourut. Oui, me certifiai-je, Fréda a raison, la mer aussi est un mystère triste.

Il me sembla que tous deux nous restions associés dans le sentiment que ce mystère n’était si triste que parce qu’il correspondait aux tristesses de notre propre vie. J’avais pensé cela avant elle ; je l’avais pensé aux replis profonds de mon être ; mais elle venait de donner