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Page:Lemonnier - Le Bon Amour, 1900.djvu/40

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une forme à ce qui n’était encore pour moi qu’une suggestion confuse.

Elle se tut ensuite, elle demeura perdue au monde d’idées qui s’était éveillé pour elle des lointains paysages nostalgiques de la mer.

L’heure fut amère et délicieuse ; mon cœur frémissait à l’unisson du sien. Pourtant un amour-propre singulier, l’instinct rétif de la personnalité s’opposa à la confiance, à la douce effusion. Je ne lui dis pas que la mer maintenant eût été pour moi une douleur. Je souffrais du regret de l’avoir fait souffrir. J’aurais voulu être seul avec elle et lui jurer que jamais plus je n’irais à la mer. Pourtant aucune parole ne vint à mes lèvres. Je cessai de la regarder et ses yeux errants flottaient aussi très loin,