Page:Lemonnier - Le Bon Amour, 1900.djvu/52

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dans le présent, c’est encore de la souffrance et de la joie du passé que l’on vit. Mes défaillances n’avaient été qu’un mal passager de ma sensibilité, la légère irritation de mes fibres anciennement blessées et qui, en la voyant soudainement paraître, s’étaient souvenues que pendant un temps de notre existence, elles étaient demeurées nouées aux siennes et ensuite s’étaient détachées.

Comme des limbes, comme de la rive adverse d’un Léthé, Fréda s’était manifestée silencieuse et voilée d’abord ; elle était venue vers moi, elle s’était avancée hors des frontières du passé, après les avoir de si loin dépassées que longtemps elle sembla avoir cessé d’exister pour moi. Et puis son visage s’était fait reconnaître, elle