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Page:Lemonnier - Le Bon Amour, 1900.djvu/53

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devint la présence vivante d’un cher et immortel souvenir.

Oui, me dis-je, c’est cela même : toute vie ancienne est morte sous nos actuelles apparences ; et pourtant Fréda se meut, elle circule, elle vit en moi de toute l’impérissable beauté des êtres de mémoire. Je l’ai aimée au rebours des heures présentes, je n’ai pas cessé de l’aimer dans la part de mes jours antérieurs. Alors je sentis descendre une grande paix ; je ne me défiais plus d’elle ni de moi. Et j’étais un homme qui, après une longue absence, voit s’avancer par les portes ouvertes la forme spirituelle d’une amante qui jadis lui fut autrement connue.