Page:Lemonnier - Le Bon Amour, 1900.djvu/90

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nous seuls. La femme était restée perdue dans la contemplation du châtaignier et ne nous entendait pas. Et dans cette minute profonde, nous avions tenu à la fois le passé et l’avenir. Ensuite nous ne nous dîmes plus rien comme si tout eût été dit et que nous fussions demeurés sans force pour épuiser ce qu’elle contenait d’éternel. Fréda, au bout d’un peu de temps, se leva ; toutes deux remontèrent l’allée ; et l’ombre douloureuse, pour avoir vu l’arbre toujours vert, sembla aussi délivrée.

Fréda du seuil me fit un signe d’adieu. Elle n’avait plus le même visage triste et grave : une jeunesse divine, une fraîcheur de vie lui donna tout à coup une beauté inconnue et claire.

— Oh ! me dis-je, c’est bien là