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Page:Lemonnier - Les Charniers, 1881.djvu/101

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verre recouvrant une image de la bataille de Waterloo, en éclatant, avait griffé de mille éraflures le petit Napoléon lithographié, sans toucher au reste de l’image. Sedan s’ajoutant à Waterloo ! La légende napoléonienne semblait s’anéantir dans cette ironie suprême.

Pendant deux mortelles heures, cette malheureuse famille, couchée par terre contre les fenêtres, sous les matelas, avait entendu retentir sur son abri les volées de la mitraille. Les murs tremblaient ; un ouragan secouait la terre souterrainement ; toiles, châssis, cheminées s’abîmaient dans des fracas. D’un geste violent la femme arracha le mouchoir qui lui couvrait la tête et me montra ses cheveux blanchis par les angoisses.

— Mais pourtant le drapeau aurait dû les avenir qu’ils tiraient sur un lazaret ? observa quelqu’un.

— Voyez le drapeau, répondit cette femme, ils l’ont criblé.

En ce moment le convoi entrait au château. Une demi-douzaine de membres de la Croix rouge le précédaient à cheval. Quand les caissons passèrent, les hurlements que nous avions