Page:Lemonnier - Les Charniers, 1881.djvu/109

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Deux rangées de façades noires et inégalement entamées par le feu, dentelaient le ciel gris ; et au milieu, interceptée ça et là par des décombres, luisait la chaussée, lavée par la pluie.

Les toits, comme des vertèbres de squelettes, profilaient en noir leurs charpentes brisées ou laissaient béer sur le vide leurs lucarnes décapuchonnées. Des pans de murs, tapissés de papier à fleurs et sillonnés de cette suie qui marque la place des cheminées, se dressaient, on ne sait comment, parmi des confusions où l’on entrevoyait des portes, des fenêtres, des éclats de planchers et des rampes d’escaliers. Des cages d’escaliers, renversées sur le côté, ouvraient sur des paliers effondrés des portes que le vent secouait. On voyait de grosses poutres calcinées qui étaient tombées sur des bouts de murs et s’y maintenaient en équilibre. Une grande muraille, ébréchée dans le milieu, et dont la peinture imitait l’échaillon, laissait voir par cette brèche, comme par l’ove d’un cadre, une succession de plans ruinés. Et quand un mur obstruait la vue, il y avait toujours une crevasse ou le trou