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Page:Lemonnier - Les Charniers, 1881.djvu/117

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débris de meubles pêle-mêle entassés et qui brûlaient encore, une épaisse fumée nauséabonde monta de dessous nous et faillit nous renverser. Une masse noire qui avait gardé la forme humaine et dont le vent chassa une volée de cendres, parut alors à nos regards. Dans ce sombre paquet, couché à plat, s’indiquait la silhouette d’un homme ou d’une femme, on n’aurait su le dire, car le feu avait calciné jusqu’aux vêtements. L’odeur était dès lors expliquée : c’était celle de la chair brûlée.

Quelqu’un de nous ayant touché à la tête pour la soulever, éprouva à la main l’impression d’une peau tiède, et tout à coup la tête se détacha en poussière. Le contact de mon soulier suffit à effondrer les reins, et je les vis s’ouvrir, comme un tas de feuilles sèches que repousse le balai. Des étincelles rouges pétillaient en cet endroit, comme celles qui flambent dans les sarments, au moment où l’on retire les pains du four. Nous fûmes certains dès lors que le feu continuait à ronger par dessous cette rôtie humaine.

J’examinai le lambeau que le chien avait attiré à lui ; c’était un peu d’étoffe brune maculée