Page:Lemonnier - Les Charniers, 1881.djvu/118

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de sang, qui ne révélait rien. Une crosse de fusil que je ramassai à la hauteur de ce qui avait été les bras du cadavre m’en dit davantage : c’était la crosse longue et plate d’une de ces canardières à hauts canons qu’on trouve pendues à la cheminée des paysans. Et, comme des gens qui, en marchant à travers la forêt, ont trouvé un homme sans vie dans le taillis et conjecturent le genre de mort qui l’a frappé d’après les indices qui sont à l’entour, nous pensâmes que cet homme ou cette femme, ayant héroïquement combattu pour le salut du village, s’était traîné là, blessé, et n’avait pu fuir l’incendie.

Des passants s’étaient arrêtés pour regarder, et l’un d’eux nous dit :

— Ah ! ce fut un brave homme, celui-là, messieurs. Il est mort en faisant le coup de feu. Tout le monde le connaissait et on l’aimait à cause de son bon caractère. C’est Jean-Paul, le sabotier de Balan. Et quand il venait à Bazeilles, il ne manquait jamais de s’arrêter chez son parent, dans la maison qui est là à terre devant vous. Pauvre Jean-Paul, va ! La dernière fois qu’il y vint, ce fut pour tirer sur ces bougres de cochons, et voici maintenant qu’ils l’ont tué.