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Page:Lemonnier - Les Charniers, 1881.djvu/126

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tenailles, les pinces, les soufflets, les enclumes, les marteaux s’éparpillaient dans la boue. Un pan de maçonnerie tailladé par le feu, avec trois trous à l’un desquels pendait un morceau de châssis, faisait ventre au-dessus de deux soupiraux de cave dont les barreaux n’avaient pas bougé.

— Elle est là-dedans, nous dit un soldat français, blessé au bras, qui regardait comme nous.

— Qui ça, elle ?

— La fille du maréchal, pardine ! Vous savez bien, le maréchal-ferrant de Bazeilles qui a tiré sur ces gueux quand ils sont entrés dans le village !

Et il nous raconta qu’au moment où les Prussiens allaient rentrer dans Bazeilles, le curé descendit sur la place et appela aux armes ses paroissiens. Les hommes s’armèrent de fusils, les femmes s’armèrent de fourches. On s’embusquait derrière les clôtures, au fond des caves, contre les arbres. Dans les rangs prussiens quelques hommes tombèrent.

Le premier qui tomba était un chirurgien-major. « À mort ! À mort ! » criaient les