Page:Lemonnier - Les Charniers, 1881.djvu/150

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



XXII


Les deux officiers nous menèrent à quelques pas de là dans une maison dont ils avaient la clef en poche et où ils s’étaient accommodé deux chambres très convenablement. Les fauteuils étalaient des velours, balafrés de coups de sabre, et des éperons avaient labouré deux superbes tapis mis l’un sur l’autre pour que les pieds eussent chaud. Il y avait du vin dans un coin, sur un guéridon des verres vides et d’autres remplis, une pile de tableaux sur le piano, au pupitre du Beethoven ouvert, et dans l’âtre un petit feu qui se mourait. Un de nos hôtes prit une chaise cannelée près de la fenêtre, la tordit sous sa botte et l’ayant brisée, en entassa de son pied les morceaux dans le feu.