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Page:Lemonnier - Les Charniers, 1881.djvu/160

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mandant la place et priaient les habitants, dans un français mal orthographié, de signaler les exactions dont ils pourraient être les victimes.

Des fourgons attelés de deux chevaux et suivis d’une compagnie de fossoyeurs, traversaient au pas les rues et s’arrêtaient devant les maisons sur la porte desquelles se dessinait une croix à la craie.

Ces fossoyeurs, régiment spécialement destiné à l’enterrement des morts, suivent partout les armées. Casaque sombre, le casque sans ornement, n’ayant ni broderies ni galons, ils sont noirs comme leur mission et portent sur le dos un sac auquel sont pendues des pelles et des pioches. Nécrophores habiles, ils ont en un instant déblayé la plaine et enfoui les cadavres. Un coup de trompette et tous sont à l’œuvre ; un coup de trompette et tous rentrent dans les rangs.

Quand les fourgons s’arrêtaient devant une des maisons marquées à la craie, quatre fossoyeurs y pénétraient.

Au bout d’un instant ils sortaient.

Une forme raide et voilée, tenue aux extrémités par deux hommes, était déposée dans le