Page:Lemonnier - Les Charniers, 1881.djvu/162

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devant le canon, mur vivant qui répare ses brèches en se resserrant.

Le régiment bavarois était composé généralement de petits hommes courts et barbus, le casque en cuir bouilli sur la tête, et ils avaient, en même temps que l’air très décidé, d’affreuses trognes à larges mâchoires.

Un peu après passèrent sur de grands chevaux noirs, embossés dans leurs énormes manteaux gris tirés sur la croupe des montures et relevés jusqu’aux oreillettes de leurs casques de cuivre étincelant, de magnifiques cuirassiers blancs, hauts de près de deux mètres et immobiles en selle comme des statues de bronze. Ils allaient deux par deux, au pas des chevaux, sabre au clair, tenant les brides dans leurs longs gants à manchettes. Et le défilé des vivants croisait à chaque instant les fourgons funèbres emplis des longues faces grimaçantes et vertes.