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Page:Lemonnier - Les Charniers, 1881.djvu/195

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pâle malgré le fard des joues, tantôt à la vitre de droite tantôt à la vitre de gauche. Le seul bruit qu’on entendit dans la berline était celui de cette vitre qui par instants s’abaissait et remontait de suite après : deux doigts gantés jetaient alors à travers l’ouverture un bout mâché de cigarette, et de la fumée de tabac s’échappait en tournant.

La berline demeura près d’une heure à la même place, puis sur un ordre donné à voix brève de l’intérieur, alla au trot se mettre à une centaine de pas de là. Sedan craquait de tous côtés comme une ville qui croule, et de l’endroit où était l’empereur, il entendait distinctement le tonnerre de la canonnade.

À mesure que l’heure avançait, les courriers arrivaient coup sur coup ; à chaque courrier, l’empereur baissait la vitre et des mots s’échangeaient ; quand le courrier était porteur de papiers, Louis-Napoléon brisait le sceau d’une main fébrile, lisait en remuant la tête de haut en bas, écrivait un mot sur ses genoux au revers de la dépêche, la repliait et la remettait au courrier qui repartait au galop. Des généraux arrivaient en caracolant, le sabre battant le ven-