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Page:Lemonnier - Les Charniers, 1881.djvu/214

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drant ces faux bruits, rassurent les femmes et font rentrer les hommes.

Quand les renforts ennemis se présentèrent, ils trouvèrent la solitude au seuil des maisons et sur les trottoirs : tout le monde s’était renfermé chez soi.

Cette nuit, cette horrible nuit, personne ne dormit. Hommes et femmes montaient la garde au foyer.

Qui le premier cria que la ville était minée ? Les uns y virent la duperie allemande ; les autres n’y voulurent voir que les effets de la peur chez les Sedanais.

Je pensais à cette dangereuse panique, rapidement étouffée grâce à la nuit, et je supposai qu’au lieu d’être chimérique elle eût été fondée. Rien ne me parut plus insupportable dès lors que le pesant silence qui m’entourait, et il me sembla assister à ces effroyables calmes qui précèdent les cataclysmes.