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Page:Lemonnier - Les Charniers, 1881.djvu/49

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Des pénombres rousses noyaient les travées.

Un petit jour zinguant tombait des vitres brouillées, coupait les fumées bleues des pipes brasillant ; et des brandes pétillaient sur les landiers.

Brusquement une porte s’ouvrit, et dans la pièce voisine, parmi des femmes, je distinguai une masse sombre, couchée à terre, avec une tache claire, immobile, de visage.

— Gueulez donc pas ! objurgua une grande vieille sèche, la main sur la serrure.

Il y eut un silence, et un rauquement étranglé gronda, nous arriva comme un râle de bête.

— Y en a plus pour longtemps, fit silencieusement quelqu’un des paysans, entre deux bouffées de pipe.

Alors, un coin du rideau ayant été tiré, je revis les femmes, l’homme étendu, sa chair blême dans des lambeaux de capote française.

— Un sous-officier, m’expliqua le cabaretier.

Il achevait de mourir : on l’avait dû descendre de l’ambulance qui avait passé tantôt. C’était un grand diable d’homme à grosses