Aller au contenu

Page:Lemonnier - Les Charniers, 1881.djvu/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ajoutait à notre mélancolie. Nous questionnions au hasard, dans la foule. Et de moment en moment, le froid du soir perçait un peu plus nos vêtements.

Quelqu’un passa, en houseaux, le sac au dos.

— Rops !

— Vous ici !

— Et bien embarrassé, je vous jure.

Je lui contai le cas.

— Bon ! dit-il, vous avez frappé aux auberges ?

— Oui.

— Eh bien ! sonnez aux maisons. Il y a toujours une figure meilleure qu’une autre. Prenez la meilleure de toutes, affaissez-vous dans le corridor sans vous rien casser et laissez faire. On vous mettra sur un matelas, vous aurez du vin et vous passerez une bonne nuit.

J’avisai un petit logis, devinant à ses rideaux blancs, bien tirés, un intérieur régulier de vieilles personnes. Mon ami boitait. On nous recueillit.

Je n’oublierai pas la petite chambre sous les toits où je passai, à la veille d’un mauvais jour, une si bonne nuit, ni le café fumant qu’au le-