II
— Ah ! c’est toi, Piet, que le diable t’emporte, répondit Claes.
Le garçon demeurait sur le seuil de la chambre, sans oser avancer, car ce n’était pas tout à fait une parole cordiale que venait de lui adresser son vieux patron ; et il regardait en même temps Truitje et Nikker, mais surtout Truitje.
Or, Truitje, la bonne fille, ayant jeté les yeux sur le plat de pommes de terre, s’était mise à tousser de toutes ses forces, en tenant sa gorge à deux mains.
Ce qu’elle toussait ! On n’a pas d’idée de la force avec laquelle toussait Truitje : même on voyait distinctement le fond de son petit gosier rose, avec ses jolies dents blanches devant, comme des grains d’anis sur de la confiture de groseille.
Voilà pourquoi Piet la regardait plutôt que son oncle, et certainement il y avait quelque sympathie entre eux, car il se mit à tousser, lui aussi.
Il faut dire à son éloge qu’il toussa à se désosser la poitrine, avec une violence dont on ne l’eût jamais cru capable, et il toussa jusqu’au moment où le bruit de quelque chose qui tombe à terre se fit entendre.
— Hé ! qu’est-ce cela ? dit Claes Nikker en se tournant vers le jeune garçon.
— Maître, ce sont les souliers que vous m’avez donnés à ressemeler, répondit en tremblant le pauvre Piet.
Et, en effet, il les avait laissés tomber à terre.
Alors Claes Nikker frappa du poing sur la table et s’écria en ricanant horriblement :