— Ah ! ah ! Truitje Nikker laisse tomber la poivrière dans les pommes de terre et Piet Snip laisse tomber ses bottes sur le carreau, — Pieter Snip, vous êtes un enjôleur de filles. Sortez, Pieter Snip.
Claes Nikker voyait d’un œil bien singulier le pauvre Piet, car nul moins que lui n’avait l’air d’un séducteur et toute sa personne semblait demander pardon de n’être pas rentrée sous terre au premier mot de son maître. Ce jeune garçon avait même une si piteuse figure en regardant Truitje au moment de partir, qu’il n’y avait que Nikker au monde pour lui trouver de mauvaises pensées. Non, il n’avait pas de mauvaises pensées dans la tête lorsqu’il jeta un long regard humide à sa chère Truitje, mais peut-être la tête lui tournait-elle un peu sur les épaules.
— Je m’en irai donc, puisque vous le voulez, maître, dit Pieter Snip.
Et il fit comme il avait dit.
Alors Claes se mit à rire dans son menton à poils gris, en regardant sa nièce du coin de l’œil.
Truitje était vraiment à plaindre et elle demeurait immobile près du poêle, sans rien faire, en ayant soin de se tourner de manière à cacher sa figure à son oncle. Oui, elle était à plaindre, car Piet l’aimait, le pauvre garçon ; elle était sûre qu’il l’aimait et peut-être avait-elle des raisons pour le savoir.
Sans doute il n’était pas beau ; Lamme, le fils du maréchal, avait plus fière mine que lui, et cependant Truitje ne détestait pas Pieter Snip. Aussi Truitje bouda-t-elle son oncle après qu’il eut mis si méchamment Pieter Snip à la porte, et elle l’observait, tout en boudant, dans le petit miroir qui pendait à la cheminée.