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Et le lendemain Truitje apportait la robe de la Sainte-Vierge chez les Snip. Il n’existait plus un trou et les perles étaient au complet.

— Ah ! Truitje, venez sur mon cœur, cria le vieux Lukas, il ne manquera jamais un point aux chemises de notre garçon.

Aux Pâques, la procession sortit de l’église et fit le tour du village.

Elle passa par la maison de Claes qui était blanchie à neuf, avec de jolis contrevents peints en vert. Un rayon de soleil faisait briller à la fenêtre un globe de verre sous lequel s’abritait une mignonne paire de souliers en laqué blanc. En dehors de la fenêtre deux bougies brûlaient dans des chandeliers ; et des branches de sapin pendaient aux volets.

M. le curé marchait lentement sous son dais, tenant dans ses mains le Saint-Sacrement, et derrière lui venait le bourgmestre Michiel Pot portant une bannière. Puis six jeunes filles du village, en blanc, soutenaient sur leurs épaules la Sainte-Vierge dans sa belle robe de satin luisante au soleil. Le ciel était bleu et les oiseaux chantaient, mais il faisait bien plus beau encore dans le cœur de Piet et de Truitje.

Et quand Piet vit passer la belle robe de la Vierge dans la fumée de l’encens, il chatouilla du bout de son doigt la main de Truitje à genoux devant lui, et Truitje retint le doigt de Piet dans le creux de sa main.

Il y avait deux mois que la noce avait eu lieu.