Page:Lemonnier - Noëls flamands, 1887.djvu/31

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lence. Il dégage un arôme curieux du pays belge. La vie flamande a eu son extracteur de subtile essence en Lemonnier qui a des points de contact avec Dickens, mais qui ne dérive de personne. Le premier par ordre de talents dans les Flandres, il a commencé à faire avec ses contes, pour la Belgique ce que Dickens et Thackeray ont fait pour l’Angleterre, Freytag pour l’Allemagne, Hildebrand pour la Hollande, Nicolas Gogol et Tourgueneff pour la Russie. »

Pourquoi donc ces contes si inconnus en France étaient-ils si populaires en Belgique ? Bien plus, je les trouvais traduits en flamand, en allemand, en italien, en espagnol même. C’est qu’à dire vrai, nous autres Français, sommes ou plutôt étions, car ce vice a l’air de disparaître depuis quelques années, d’épouvantables contemplateurs de notre nombril, et que les contes flamands de M. Camille Lemonnier étaient un vrai fruit du cru sain et de saveur franche, comme le disait M. Henri Taine.

« La double race wallonne et flamande, qui forme la Belgique actuelle, écrivait un critique, s’inscrit chez l’auteur des Contes : son large tempérament, merveilleusement ouvert aux plus fugitives nuances de l’observation, résume tout à la fois la placidité, la songerie, la gravité pensive des Flandres et la verve, la fougue, le penchant à la gaîté des populations wallonnes. Il offre l’un des plus rares exemples qui soient, d’un écrivain sorti d’une race