Page:Lemonnier - Noëls flamands, 1887.djvu/32

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complexe et reflétant tous les caractères de cette race, même les plus antithétiques. Camille Lemonnier n’est ni Flamand ni Wallon ; il est l’un et l’autre en même temps et cela seul expliquerait sa multiple personnalité, large à contenir un peuple tout entier. Ceux qui lui ont reproché l’excessive variété de son œuvre ne se sont pas rendu compte que cette variété lui venait de cette étonnante prédisposition qui le porte à examiner tantôt l’un tantôt l’autre des caractères inhérents à ses origines. Autant les Contes, le Coin de village sont choses flamandes, et flamandes au point que personne avant Camille Lemonnier n’est parvenu à dégager avec une telle netteté l’impression de la vie populaire des pays flamands, autant Le Mâle[1] nous restitue l’impression du caractère, des mœurs, du langage et du paysage wallon.

« Il y a mieux : ici même, la différence des milieux, d’une nouvelle à l’autre, s’accompagne d’un changement dans la composition, l’esprit, le sentiment et le style. On était dans les petites villes et les campagnes baignées d’eau de la Flandre : on est tout à coup transporté parmi la gaie et chantante rusticité wallonne. Les moindres nuances sont partout généralement saisies, jusque dans le langage. Vous remarquerez l’absence du tutoiement dans les contes

  1. Et Happe-Chair, écrit depuis.