galantine, ou du pâté de lièvre ou du foie gras, car c’était une affaire convenue que chacune apportât quelque chose pour le souper : et l’on se mettait ensuite à table.
Ah ! la bonne odeur qui se répandait dans la chambre, tandis que ma tante, un doigt sur le couvercle, versait le thé dans les petites tasses ! Une fumée blonde montait vers la lampe dont le verre s’amatissait de vapeur, et, à mesure que les tasses se remplissaient, la transparente porcelaine se dorait de tons ambrés. Oui, je voyais à travers la mince paroi croître graduellement l’eau parfumée, tandis que la bordure brillait comme du jaspe à la lumière. Quel bonheur de boire dans cette fine porcelaine reluisante au fond de laquelle se balance une tache d’or pâle où se reflètent, dans une lumière gaie, le nez, les yeux et le menton pendant qu’on boit ! J’avais toujours envie d’avaler la tasse avec le thé et même j’ai pressé plus d’une fois ma dent contre le bord, pour voir si ça ne casserait pas comme de la galette.
Sur les assiettes à fleurs s’étalaient les bonbons, le beurre et les tranches de charcuterie, mais les brioches restaient au four, d’où on les tirait à mesure de la consommation, afin de les sentir croquer, toutes chaudes, sous la dent.
Je regardais de mon petit coin madame Spring qui prenait du sucre et tournait sa cuillère dans sa tasse, après y avoir mêlé une goutte de lait. Et le lait formait un petit nuage gris qui rapidement s’élargissait parmi les pellicules de crème.