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je ne veux plus rien, gardez votre franc pour Jean.

Or, il y avait bientôt un an que Jean allait à l’école, et madame Bril avait son bouillon comme toujours.


II


Un dimanche que Jean était chez les Lamy, M. Lamy lui dit :

— M. Muller va venir, Jean. Il n’y a pas d’homme comme lui. Non, il n’a pas son pareil. Faites-lui bien la révérence.

On entendit dans l’escalier quelqu’un qui montait en soufflant dans ses joues comme dans un trombone.

— C’est M. Muller, cria M. Lamy.

Et il ouvrit à un gros petit homme rougeaud, un peu chauve, râpé, l’air ahuri, qui se laissa tomber sur une chaise, les deux mains sur son parapluie, en criant :

— Ouf !

— L’escalier est un peu raide, fit M. Lamy en riant.

Et tout de suite madame Lamy s’empressa :

— Vous allez prendre une tasse de café pour vous remettre, monsieur Muller ?

— Oui, c’est ça, du café, répondit M. Muller. Fameux, le café ! hein Lamy ? Comment ça va-t-il, les amis ?

— Pas mal, monsieur Muller, grâce à Dieu. Voici le petit Jean dont je vous ai parlé.

— Viens ici, mon garçon, dit M. Muller en prenant l’enfant dans ses genoux. Ah ! ah ! Tu es le petit Jean ? Et l’on est à l’école, hein ? — Qu’est-ce qu’on t’apprend, voyons ? qu’est-ce que tu sais ? Ah ! ah ! nous sommes un grand garçon. Et quel âge as-tu, mon petit ami ?