Page:Lemonnier - Noëls flamands, 1887.djvu/97

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en bon ordre, avec les rangées de choux-cabus pareils à des boules de jeu de quilles, les lignes de choux-fleurs aux cœurs blancs, les fines verdures des carottes et les longues pointes raides des oignons. En juin, la fleur blanche et noire de la fève de marais parfumait et en août, on respirait l’arôme épicé de la fleur des pommes de terre. Et dans les vergers, sous les pommiers, les pruniers et les cerisiers, les grandes herbes à panaches, mêlées de sainfoins fleuris, de marguerites et de boutons d’or, sentaient bon aussi, surtout au soir, lorsque tombait la rosée.

Çà et là on longeait des froments ; M. Lamy prenait un épi et mangeait le grain ; madame Lamy cueillait des trèfles et des coquelicots ; et Jean s’amusait de voir les blés hauts se balançant dans le vent, avec leur couleur verte comme de l’eau.

Ainsi l’heure s’avançait. Puis les horloges sonnaient une à une dans les fermes, l’angelus tintait aux églises, et l’on était bien content de rentrer le soir à la ville, après avoir bu un cruchon de bière de Diest sous la tonnelle, à Jérusalem, au Moorjan ou à Pannenhuis.


III


Au bout de sa première année d’école, Jean remporta trois prix.

Le jour de la distribution, les petits garçons et les petites filles se trouvèrent réunis sur une belle estrade, derrière la table où étaient M. le ministre, M. le bourgmestre, M. l’inspecteur et MM. les directeurs des écoles.