Page:Lemonnier - Un mâle, Kistemaeckers, 6e éd.djvu/144

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prudente. Il s’emportait, piétinait de colère, cognait les troncs d’arbres à coups de poing, et une jalousie s’en mêlant :

— Eh ben, quoi, tes frères ? Est-ce que t’es leur femme, à tes frères ? Est-ce que t’aimes mieux tes frères que moi, ton homme ?

Elle se fâchait,

— J’en ai assez. Laissez-moi.

Cette volonté le rendait soumis, avec un peu de lâcheté. Ses mains se détendaient autour des poignets de Germaine. Chargées de tendresse, elles la caressaient au lieu de l’étreindre. Et il poussait des soupirs tristes, pour l’attendrir, sans plus chercher à lui faire violence.

Il l’accompagnait jusqu’à la lisière du bois. Quelquefois elle était troublée à la pensée de rentrer, et cela mettait un peu de froideur dans ses adieux. La jalousie le reprenait alors ; il la suivait, de loin, la voyait traverser la cour, de son pas tranquille, et bientôt les portes se fermaient.

Il était sûr d’elle, ces fois-là.


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