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XX



Ils se rencontrèrent un peu plus souvent chez la Cougnole.

Des fois Germaine était prise d’un désir de le voir au milieu du jour. Elle inventait alors un prétexte pour s’échapper et courait jusqu’à la maison de la vieille. Il n’était jamais bien loin. Une paresse rendait sa vie monotone ; il passait ses journées à rôder dans le bois, tantôt se couchant dans les mousses, tantôt marchant devant lui, sans but. Quelquefois, il passait le temps à couper des branches sèches pour Cougnole ou lui déchaussait des souches mortes. Il y avait bien un mois qu’il ne braconnait plus.

Ils avaient des sentiers convenus, à travers les taillis. Presque toujours, elle l’apercevait étendu de son long dans la fraîcheur des herbes, sous un hêtre ou dans un fossé. Il dormait. Elle l’appelait par son nom à demi-voix, et il s’éveillait, un ravissement dans les yeux. Il rêvait d’elle justement, et brusquement elle éclairait son