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XXII



Un vendredi, le fermier Hayot arriva à la ferme.

Il était tenancier d’une métairie, à deux lieues des Hulotte, et passait pour un malin. C’était un petit homme court et trapu, de la finesse dans les yeux.

Il descendit de sa carriole, tira son cheval jusque sous la porte charretière et là, l’attacha par la bride à un anneau scellé dans le mur. Comme il pleuvait, il avait pris avec lui un large parapluie indigo, à monture de cuivre, et le tenait déployé sur son épaule. Ses grosses joues couleur brique, rasées de près, se détachaient sur l’étoffe, ayant de chaque côté des mèches de cheveux gris, aplaties. Il s’avança dans la cour, vit d’un coup d’œil les fumiers, les charrettes sous les hangars, l’abondance d’un train de maison bien réglé, et poussa jusqu’à l’étable.

Caïotte, la servante, trayait les vaches, assise sur un trépied bas, la tête à la hauteur des pis, ses mains passées aux tétines, d’où s’épanchait un beau lait lourd. Elle ne l’avait pas entendu venir et demeurait courbée, ses jambes