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II



L’homme revint, à l’aube, se coucher dans le verger de la ferme.

Une clarté opaline trouait, comme la veille, l’épaisseur des pommiers. Les coqs claironnaient sur le fumier, et, dans les étables, les bœufs mugissaient. Des banderoles de vapeurs, légères comme des gazes, s’enroulaient au ciel, couvraient le bleu d’une blancheur mince qui s’effumait. Une transparence flottait autour des choses, illuminée par le soleil qui ne se montrait pas encore ; et des douceurs roses se mêlaient aux gris perlés du matin, dans les lointains. Pas un souffle de vent n’agitait les feuillées ; elles s’étendaient, immobiles, largement étalées, avec leur ton vermeil des pousses printanières, et un silence pesait sur la campagne, comme un alanguissement après une nuit d’amour.

Mais petit à petit, la chaleur montant, tout remua ; un fourmillement de vie emplit les herbes ; et les arbres se nouèrent entre eux avec des enlacements d’époux. Des