Page:Lemonnier - Un mâle, Kistemaeckers, 6e éd.djvu/217

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quand elle était passée avec le fils aux Hayot, que le mal qu’il avait pu faire à celui-ci. Sa pensée s’était concentrée sur ce qu’il venait de lui dire : il avait failli le tuer ! Mais alors, tout allait se savoir !

Elle eut une vaillance. Elle fit un pas vers lui.

— Ben oui, c’est vrai, j’ai une liaison.

Elle n’eut pas plus tôt parlé qu’elle eut peur, se couvrit le visage de ses mains.

L’aveu était tombé sur Cachaprès comme un coup de massue. Il poussa un han ! d’homme assommé qui roule ne sachant pas bien quel est le coup ni d’où il vient. Mais l’instant d’après, les mots lui rentrant dans la tête avec leurs pointes de clous, il lui montra la porte d’un geste emporté et cria :

— Va-t-en, publique !

La lâcheté de la femme reprit alors le dessus. Elle crut tout fini et qu’il l’abandonnait, enfin, et elle courut à la porte, comme à la délivrance. Une main la rattrapa par ses jupons.

— Ici !

Il la tira à lui, poussa le verrou, puis d’un mouvement de bras l’envoya rouler sur une chaise, au large. Elle se sentit en sa puissance, et blanche, les mains pendantes, terrifiée sous son air d’assurance, elle attendit. C’était sa liberté qui se jouait ; elle était décidée à risquer le jeu jusqu’au bout.

D’abord, il marcha à travers la chambre pendant quelques instants, à grands pas, trébuchant contre les chaises ; sa respiration rauque et dure trahissait l’immensité de sa peine. Et chaque fois qu’il passait devant elle, il fermait les yeux, pour ne pas la voir.

Petit à petit, une détermination froide pénétra dans son esprit ; il s’arrêta devant elle, et, d’une voix lente, lui dit :