sous laquelle luisait l’herbe, comme le roc sous l’eau d’un ruisseau, et les noirs buissons s’argentaient d’un brillant de fourrures, semblables à des animaux vaguement fourmillants. Autour d’eux râlaient des tendresses ; des allégresses fauves clamaient à la lune ; la nuit faisait aux noces cachées dans ses replis la charité d’un grand ciel éblouissant.
L’agonie traîna jusqu’à l’aube. De ses mains furieuses, il avait arraché ses vêtements dans une crise ; ses pectoraux s’étalaient à nu, carrés et massifs ; et P’tite regardait cette virilité graduellement s’éclairer sous la blancheur du jour. Puis ses yeux remontèrent jusqu’au visage du braconnier. Un rictus courroucé lui donnait l’air menaçant d’un ennemi sur le qui-vive ; sa bouche tordue découvrait ses dents, qui semblaient prêtes à mordre, et tout à coup ses yeux s’agrandirent.
Que regardait-il ? Voyait-il poindre, à la cime des arbres, le jour qu’il avait vu se lever si souvent ? Une aurore éternelle s’allumait-elle au fond de cette aube d’un jour d’été ? Ses prunelles s’étaient remplies du reflet vert des feuillages. Il se mit sur son séant, fit un grand mouvement, regardant toujours cette chose que seule il voyait ; et comme le premier rayon jaillissait par-dessus la bordure des nuages roses, glissant comme une flèche sous les ramures, il retomba de tout son poids, la tête en arrière.
Les arbres balançaient leurs branches d’un rhythme lent qui s’étendait de proche en proche, semblablement au geste des prêtres dans les processions. Les oiseaux chantèrent au fond des feuillées, et, comme une psalmodie vague, un murmure immense et doux traîna le long des taillis, alla se perdre dans l’allégresse du matin.
P’tite regardait, ne comprenant pas.
Elle vit s’immobiliser sa face, et ses yeux grands