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Page:Lemonnier - Un mâle, Kistemaeckers, 6e éd.djvu/96

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pas le talon de sa bottine. Tandis qu’elle marchait, le soleil lustrait son corsage, étroitement bridé aux rondeurs fermes de sa gorge. Un chapeau de paille, très garni de fleurs, la coiffait. Célina avait une robe de soie grise qui tranchait sur la toilette noire de la fille du fermier Hulotte.

Et tout d’une fois, la musique du bal leur arriva, avec le bourdonnement assoupi des voix. Alors une gaîté les prit. Elles allongèrent le pas, et au bout d’un petit temps se trouvèrent sur la place, mêlées à la foule.

Des connaissances les appelaient par leurs petits noms. Elles étaient très entourées. Des fils de fermiers leur demandaient des danses « pour tout-à-l’heure ». Et elles passaient au milieu des groupes, riant d’être poursuivies dès leur arrivée.

Le fermier Champigny, debout devant sa porte, les vit venir de loin. Il alla à elles et les obligea à entrer à la ferme.

— Une petite tarte avec un verre de quelque chose, ça n’est pas de refus, disait-il en les poussant devant lui.

Au même moment, arrivèrent la fermière et leur fille Zoé. Elles avaient fait un tour de bal et elles rentraient prendre leur café.

— Tout de même ! n’faut pas se laisser tomber, disait la mère Champigny, grosse petite femme rieuse. On a besoin de jambes donc, pour danser. Est-il pas vrai, Germaine et Célina !

Elle les complimentait, les trouvait superbes toutes deux, les regardait avec admiration, la tête sur le côté, en battant ses mains l’une dans l’autre, puis parlait de sa Zoé qui allait avoir dix-neuf ans, un bel âge. Et Zoé, ayant entraîné un peu Célina et Germaine, leur raconta qu’elle avait dansé deux fois avec le fils des Mortier, vous savez bien, le fermier du Grand-Champ, à deux lieues