Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/125

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sabots de patriarche. En général les hirondelles sont parties avant l’ouverture de la chasse, autrement on les fusille sans pitié sur le bord de la mer, sans aucun respect pour l’oiseau béni. Les amateurs s’en accommodent parce qu’elles sont grasses. Le coucou, qu’on appelle ici le héraut du printemps, arrive et déloge de bonne heure. Les tourterelles n’apparaissent qu’en mai et partent fin septembre. Depuis vingt ans on n’a guère vu que deux ou trois loriots rendre visite aux cerises. Parmi les oiseaux passant quelquefois l’hiver à Jersey, on peut compter le mûrier, becfigue au plumage de feu, à petite cravate blanchâtre, qui se perche toujours à la cime des buissons et d’une vaillance en amour à rendre des points à messieurs les pierrots et à mesdames les tourterelles.

En mettant le pied sur le continent, j’ai rencontré un armateur de Saint-Waast-la-Hougue, M. Edmond l’Évêque, grand disciple de saint Hubert. Pour le tir en bateau, j’en connais peu de sa force. Il m’a fait hommage d’un magnifique grisard tué dans la tempête, et, à ma rentrée dans notre bonne ville de Paris, j’ai fait préparer mon palmipède par M. Delesalle, de la rue Saint-Dominique, un artiste qui vous présente ses nombreux défunts, à ailes tendues ou repliées, dans les attitudes de la ruse, de la crainte ou de la colère, avec