Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/128

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ou d’Italie. Vous avez bien souvent entendu sa voix, sans avoir aperçu le chanteur, car il est d’un accès difficile ; vous l’avez à peine entrevu quand il passait d’un arbre à l’autre dans les hautes branches, en vous jetant dans les yeux sa magnifique lueur jaune ; mais, dans la durée d’un éclair, l’oiseau n’a pu se fixer dans vos souvenirs.

Ses ailes revêtent, de leur mantelet noir, une robe toute jaune, mais réellement d’un jaune superbe. Ce n’est pas le jaune des canaris, ni le jaune des hoche-queues printaniers, qui, entre parenthèses, cheminent avec tant de grâce sur les herbes flottantes de nos cours d’eau ; ce n’est pas non plus le jaune des populages, ni le jaune des lysimachies ; ni le jaune des iris, ni le jaune des villarsies : car la nature est d’une richesse inépuisable dans la répartition de ses jaunes. Serait-ce donc la fleur de genêt ou la fleur d’ajonc qui s’en rapprochent ? A moins que l’oenothère ou le papillon soufré ? Pas encore. J’ai cueilli dans les marais de La Vergne, en Saintonge, une haute plante à tige uniflore, la grande douve (ranunculus lingua), sans pédantisme ; sa fleur est d’un jaune loriot. J’avais peut-être oublié de vous nommer l’oiseau.

De la grosseur du merle et de la grive, ce grand mangeur de cerises présente de singulières