Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/129

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particularités : l’iris de son œil est rouge comme un reflet de ces beaux fruits vermeils : c’est un vrai miroir à cerises ; et ses œufs, blancs comme ceux des piverts et des martins-pêcheurs (n’en déplaise à M. de Buffon), sont en outre jaspés de pourpre noir comme si on leur avait insufflé le jus des guignes. Certes, voilà des couleurs harmoniques.

Le loriot niche de préférence sur les hauteurs des bois, comme le ramier, dans ces régions lumineuses qu’empourprent les premières lueurs d’aurore, et que réchauffent encore les adieux des soleils couchants. Son nid, à la fourche des branches, est une merveille de confort et de solidité : feutré à l’intérieur de peluches de chardon, douces comme plumes de marabout, il offre une couche des plus douillettes aux futurs héritiers du chanteur ; extérieurement, il est suspendu à la fourche des branches comme un petit hamac oscillant, par des lianes ou des lanières de bouleau ou de cerisier ; grâce à cet ingénieux système d’équilibre, quand les grands vents font rage dans les hautes futaies et versent parfois les œufs des autres nids, le nid du loriot ressent à peine une petite secousse, un semblant de houle, qui berce en paix les conjoints ou les nouveau-nés.

Il me reste à caractériser sa voix, dont j’ai