Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/142

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Desmarennes, le père Guillaume, comme on disait familièrement dans une petite ville de Saintonge, assise au bord de la Charente, que nous nommerons simplement la ville, pour ne pas éveiller de susceptibilités locales.

À six kilomètres de la ville, le hameau de Saint-Christophe étage coquettement ses maisons à tuiles rouges tout au fond d’une herbeuse vallée, où le sifflet des locomotives n’a pas encore troublé le chant des coqs et le mugissement des bœufs.

Un cours d’eau rapide, affluent de la Charente, y fait vaillamment tourner le moulin à six paires de meules du père Guillaume, dit le Moulin-des-Prés, dans une fraîche presqu’île à la fourche des eaux.

L’heureux propriétaire, outre les bénéfices de sa meunerie, fournit comme bouilleur de cru les principales maisons de Cognac, ce qui constitue le plus clair de ses revenus.

C’est un homme tout rond que le père Guillaume. Il pouvait très bien écrire son nom de famille en deux mots (des Marennes) d’après les chartes du pays ; mais, sans faire précisément fi de sa petite noblesse, il n’y tient pas absolument, et signe Desmarennes tout court, trouvant que ses affaires n’en vont pas plus mal et que sa vanité n’en souffre pas trop. Sa femme et sa fille ont bien à cet égard hasardé