Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/143

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quelques timides observations, mais ont dû céder à la volonté souveraine du maître de la maison.

C’est un lundi, jour de marché, que Guillaume Desmarennes est venu comme d’habitude à la ville.

Il a touché l’argent de ses boulangers, consulté Stanislas Corbin, le vétérinaire, pour un de ses chevaux de labour ; il a fait une station dans l’étude de Faustin Verdier, son notaire, pour lui solder ses honoraires et lui remettre en même temps le prix d’une vigne et d’un champ de luzerne dont il s’est arrondi à Saint-Hilaire-de-Villefranche ; il s’est arrêté chez Adrien Merlerault, pharmacien de première classe, pour acheter du baume tranquille à un de ses garçons de moulin qui s’est luxé l’épaule. A la nuit tombante, il croit en avoir fini, mais se frappe brusquement le front :

— Et mon avocat que j’allais oublier !

Maître Eugène Guérineau, du barreau de la ville, est encore dans son cabinet quand s’y présente Desmarennes.

— Compliments et remerciements pour vos bons conseils de légiste dans notre dernière affaire, lui dit le père Guillaume en lui tendant la main. Aujourd’hui je viens pour autre chose. Ma famille et quelques amis se réunissent samedi prochain pour fêter la Saint-Christophe.