Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/157

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échange communément dans les salons ; et d’ailleurs leur vie d’aventure répand sur eux un charme qui tient du rêve. Georges Paulet parla de l’Océanie, du Cap, du Sénégal, d’où il avait rapporté ces mauvaises fièvres dont il avait encore quelques accès intermittents, et il sembla à Mlle Desmarennes que personne jusqu’à présent ne lui avait parlé de cette voix magique. C’était comme un monde nouveau qui s’ouvrait pour elle.

Elle était en robe d’un bleu pâle, au corsage à peine échancré, et ses fins cheveux châtain clair encadraient une oreille diaphane adorablement chantournée. Une perle était enchâssée dans son petit lobe rose.

Comme très heureux contraste, la mère, habillée de faille grise, avait d’opulents cheveux noirs relevés en torsades sur un cou vraiment superbe, laissant librement voir les belles courbes de ses lignes et ses chaudes carnations brunes.

En oubliant les âges, on eût dit que la mère était la sœur aînée de sa fille.

Desmarennes, par intervalles, ne pouvait se défendre de les contempler toutes deux, comme à la dérobée, dans la secrète joie de son cœur.

Georges Paulet, tout en causant avec Mlle Thérèse (plus elle interrogeait, mieux il