Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/158

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répondait), Georges se penchait involontairement pour la bien voir, non avec des yeux de froid observateur sceptique, cherchant à vous analyser, mais simplement avec les yeux d’un admirateur sincère, à la fois respectueux et charmé, des yeux qui semblaient clairement dire : « Bien que j’aie couru le globe, tout en battant l’estrade par les nombreux sentiers de la vie, c’est la première fois que je rencontre sur ma route une jeune femme à laquelle personne n’a jamais ressemblé. »

Quand on se leva de table pour revenir au grand salon, ce fut en souriant que Mlle Thérèse prit le bras de Georges, en le remerciant du regard. Cette fois, le marin oublia d’allumer une cigarette, et laissant la majorité des fumeurs s’éparpiller où bon leur semblait, soit sur la vérandah, soit à la salle de billard, il resta résolument avec le groupe, ou, pour mieux dire, avec la corbeille fleurie des femmes, heureuses de leurs toilettes riantes, en compagnie du notaire et de Mme Verdier, du docteur Laborde et de sa fille, et de quelques autres ne tenant pas absolument à s’envelopper de fumée.

On put organiser une petite sauterie. Mme Verdier, pour ne pas trop fatiguer ce soir-là l’ancienne institutrice de la maison, se mit obligeamment au piano. On dansa deux