Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/167

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ne tenait jamais en place, pas plus que le petit oiseau bleu cendré de nos jardins fruitiers.

— C’est curieux !… Et depuis la femme est restée vive comme l’enfant ?

A une autre question, sans doute plus longue et plus sérieuse, que le marin adressait à l’avocat, il resta sans réponse. Guérineau n’avait peut-être pas entendu, car bientôt un ronflement sonore et régulier de l’orateur fit comprendre à Georges qu’il pérorait dans le désert. Il dut forcément se résoudre à dévider en silence l’interminable écheveau d’or de ses rêves.

Le lendemain, dans la matinée, entre neuf et dix heures, un assez curieux personnage se présentait à Saint-Christophe, à la petite porte du moulin, une longue et large caisse de bois blanc sur son épaule.

C’était ce qu’on appelle un vieux loup de mer, un ancien gabier d’artimon, ayant suivi Georges Paulet dans tous ses voyages et lui étant dévoué comme un terre-neuve à son maître.

Fourniment bien astiqué, veste courte, petit chapeau de toile cirée en arrière, grand col bleu rabattu, large pantalon ballant au-dessus des chevilles, anneaux d’or fin aux oreilles, et une bonne grosse figure irrégulière, tellement rouge, cuite et boucanée par les soleils, de