Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/169

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le soleil d’Orient met en couleur à des profondeurs insondables :

D’abord un oiseau-lyre, presque introuvable aujourd’hui dans les îles de corail du Pacifique ; puis un argus aux plumes caudales d’un dessin et d’un ton merveilleux ; des merles du Sénégal aux reflets métalliques ; de grandes conques marines à bouche de nacre rose, où soufflaient autrefois les tritons de Virgile ; de larges papillons de toutes les nuances : le noir et vert de l’île d’Amboine, pris à vol ralenti sur la fleur capiteuse des girofliers ; le noir et or, indigène de Ceylan ; le noir et gris perle, en somptueux demi-deuil, des Indes orientales ; le grand azuré du Brésil ; et, dans le nombre des menus souvenirs des pays étrangers, toute une collection d’éventails, rivalisant pour la variété des formes et la richesse des couleurs avec les oiseaux et les papillons.

Quand Baptiste eut disposé le tout à sa guise, se reculant un peu, la main gauche en visière sur les yeux, pour mieux juger de l’effet produit, il respira longuement comme un homme satisfait.

— Bien comme ça, dit-il ; un petit aquarium comme on en voit peu.

— Muséum, voulez-vous dire. De la part de qui ? fit la soubrette.

Le matelot mit un doigt sur sa bouche.