Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/178

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relevée, ses adorables cheveux châtain clair noués en arrière, un peu haut sur le cou, comme un gros bouquet à torsades moirées.

Desmarennes montait la Grise.

Me Guérineau et Mme Desmarennes suivaient, dans un coquet petit panier.

Et, comme acolyte à la caravane, mais également à cheval, miss Flower, sèche créature anglaise, à dents longues, pouvant avoir la trentaine, mais accusant quarante ans ; bonne écuyère au regard boréal, dont le cœur, à basse température, devait certainement être au-dessous de zéro.

Ancienne institutrice, elle jouait présentement un triple rôle à Saint-Christophe : elle tenait bien les écritures pour les nombreux articles de toilette des fournisseurs ; écrivait en pur idiome britannique aux divers correspondants d’outre-Manche pour les vins et spiritueux exportés à Londres et à Liverpool, et pouvait au besoin tenir deux grandes heures au piano pour les sauteries improvisées. Au demeurant, fille assez bon garçon, tenant les grandes utilités, en termes de théâtre.— Sur le théâtre de la vie, ces rôles ont souvent leur emploi. Elle s’était donc fait un nid dans la maison, et touchait d’assez beaux revenus, en oubliant les orages du cœur.

A côté de Desmarennes, sur la Grise, elle