Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/179

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montait Néra, une haute et longue indigène bai-brun du Yorkshire.

Tout fut arrangé pour le mieux dans cette excursion matinale, et l’amour y trouva largement son compte.

Miss Flower et Desmarennes, carrément établis sur leurs paisibles bêtes, comme des gens qui ne tiennent pas à se fatiguer et qui d’ailleurs ont tout le loisir d’arriver à destination, ralentissaient d’instinct leur marche aux montées, tandis que Georges et Thérèse, s’interrogeant d’un coup d’œil pour un petit temps de galop, enlevaient prestement leurs montures.

Mistral et Topaze bondissaient en hennissant clair.

Le soleil dissipait les dernières buées de la nuit, qui se traînaient encore en longues écharpes blanches sur les prés bas et les terres de labour.

Et, perdues dans les hauteurs du ciel, de petites alouettes invisibles multipliaient en notes vibrantes leurs trilles d’espérance et de joie.

Quand Georges et Thérèse furent bien seuls, laissant la caravane en arrière, Mistral et Topaze se remirent au pas, et quelques phrases rapides furent échangées entre l’amazone et le cavalier.

— Vous devez reconnaître, monsieur, que votre manière d’agir à mon égard a quelque