Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/183

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Au retour, le déjeuner fut très animé, les causeries quasi familières. Il y avait là, comme élément de conversation, quelque chose de plus intime qu’au grand dîner de la semaine précédente. Quand, vers trois heures de l’après-midi, Georges Paulet et Guérineau se laissèrent reconduire en voiture par Desmarennes lui-même, et lorsque Mésange leur eut dit : « Au revoir, messieurs ! » simplement à la manière dont elle prononça : « Au revoir ! » dans la bonne grâce attendrie de l’inflexion et le rêve du regard, maître Guérineau comprit, à n’en plus douter, que cette fois les deux cœurs étaient fiancés.

Trois jours après, Desmarennes, à huit heures du matin, entrait comme un obus dans le cabinet de l’avocat, déjà à son travail et compulsant ses nombreux dossiers.

— Voyons… maître Guérineau… pas d’équivoque et parlons sérieusement… Nous sommes bien seuls… et personne ne viendra nous déranger ?

— A cette heure matinale, ce n’est guère probable, et d’ailleurs je condamne l’entrée.

Ce disant, il poussa la targette de sa porte et offrit son plus large fauteuil à Desmarennes, qui s’y installa en essuyant la sueur de son front et posa son grand chapeau sur la table.

— Savez-vous, maître Guérineau, que votre ami me plaît fort ?… Entre nous, bien sincèrement,