Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/182

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n’oubliait pas absolument Desmarennes et quand on arriva, avec une apparence de bon ensemble, au bout de la grande prairie, le marin écouta fort complaisamment toutes les explications du gros propriétaire.

Desmarennes lui fit voir d’un coup d’œil, en suivant la ligne des peupliers, de longues et solides chaussées, établies avec des rigoles en contre-bas de la rivière ; rigoles alimentées par des vannes sans nombre.

— Quand mes prés ont soif, ajouta Desmarennes, on lève la pale aux petites écluses, et toute la prairie se trouve inondée comme par enchantement, à dose et à hauteur voulues. On n’a qu’à baisser toutes les pales quand les prés ont assez bu.

Desmarennes ne s’en tint pas là. Il voulut initier le marin aux rendements de ses prairies, lui expliquant la nature des bons fourrages et lui nommant les principales graminées constituant la valeur de ses foins exceptionnels ; il cita la grande fétuque et le brome, sans oublier la fléole, la flouve odorante et le vulpin des prés.

Georges écoutait fort obligeamment et paraissait parfaitement se rendre compte de la prospérité de ces grands herbages, grâce à l’intelligence et à l’activité du propriétaire, dont les yeux ne s’endormaient sur aucun détail.