Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/185

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aujourd’hui sur la côte de Guinée, demain à Madagascar, avec une pauvre fille à la maison, noyée dans un déluge de larmes à propos de son cher absent. D’autre part, comment faire ? En France, un officier de marine ne peut pas, comme en Angleterre, prendre sa femme à bord pour une traversée, à moins, dit-on, d’être contre-amiral. Et nous n’en sommes pas encore là. D’ailleurs, quand bien même il le pourrait, je ne tiens pas à ce qu’un étranger m’emporte ma fille et me laisse dans une maison vide… Comment faire ?

— Dame ! je ne vois qu’un moyen qui me semble très simple.

— Lequel ?

— Une bonne démission. Georges Paulet a fait ses preuves au Mexique et au Sénégal. Il est encore souffrant de son dernier voyage… En temps de paix, il peut très bien renoncer définitivement à la vie d’aventure.

— Voilà, précisément, où je voulais en arriver, répondit Desmarennes comme allégé d’un grand poids qui lui étouffait la poitrine… Qu’il donne sa démission, autrement il ne sera jamais mon gendre… C’est un homme à la mer… Voilà mon ultimatum.

— Rien n’est donc encore désespéré, répondit l’intelligent avocat en dissimulant sa joie… Laissez-moi négocier cette affaire-là… Vous