Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/186

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savez parfaitement que vous parlez avant tout à un homme d’honneur qui vous aime et vous estime profondément et ne trahirait en rien vos intérêts de cœur ou d’argent, n’est-ce pas ?

— J’en suis convaincu…

— Eh bien… je ne dirai absolument rien à Georges Paulet de notre entrevue de ce matin… et je vais l’interroger sérieusement sur ses intentions… Si, comme je veux l’espérer, le navigateur renonce définitivement aux voyages, et désire fixer sa tente au bord de votre petite rivière, comme un gendre bienheureux et dévoué… il contribuera, assurément, à la joie tranquille de vos derniers jours, qui sont encore très loin, grâce à Dieu et à votre constitution robuste, qui vous permettrait d’enterrer tous les gendres.

Desmarennes remercia l’avocat d’un large sourire. Il pourrait donc garder sa fille, sa fille bien mariée et vraiment heureuse. Ne lui avait-elle pas dit, la veille : « Mon père, si vous voulez me donner un mari, choisissez M. Georges Paulet, je n’en veux pas d’autre » ?

Le jour même, Guérineau se proposait de dire à Georges :

— Mon ami, donne ta démission, autrement tu n’auras jamais la fille ; je connais Desmarennes, il ne bronchera pas.

Donner sa démission !… L’officier de marine