Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/189

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dont les Charentais aient gardé souvenir.

On ne raconte pas le bonheur des élus.

Un simple petit détail nous semble pourtant de nature à ne pas être oublié.

Quelques semaines avant la célébration du mariage, comme les fiancés et leurs familles faisaient une promenade dans le grand parc, Desmarennes fut tout surpris de voir son pavillon de chasse bouleversé de fond en comble par un groupe de maçons et de charpentiers qui piétinaient dans ses ruines.

Son architecte lui-même, Anselme Durieux, était là en personne, commandant à une équipe d’ouvriers, son feutre sur l’oreille et tout bosselé, et ses habits couverts de plâtras.

Il semblait ne pas reconnaître Desmarennes au passage, avait déjà fait abattre le grand mur de droite, et les pioches entamaient le grand mur de gauche du pavillon central.

— Que diable faites-vous donc là, Durieux ? s’exclama Desmarennes… Certes, voilà du nouveau pour moi… le propriétaire ne sait pas ce qu’on fait chez lui ?

— Ordre de mademoiselle Thérèse, fit gravement Durieux, impassible et fort de son droit.

— Ah ! c’est différent, fit le père avec une moue sérieuse… Mais pourquoi ne m’a-t-on rien dit ?