Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/188

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parfois de ces brusques revirements néfastes… Et toute sa vie à lui, par la faute de son irrésolution, serait à jamais désenchantée… il se trouverait réduit à reprendre la rude existence de bord, à courir, comme un morne et éternel bohème de la mer, sur toutes les houles du globe, avec une sourde plaie au cœur et le poignant souvenir d’un paradis perdu.

Aussi, quand Maître Guérineau, sur un ton de grave confidence et avec un demi-sourire perplexe, lui demanda :

— Georges, s’il te fallait donner ta démission… que ce fût le seul moyen de réussir ?…

— Le faut-il absolument ?

— Absolument.

— Eh bien ! c’est dit. Je renonce à la mer.

Les deux amis s’embrassèrent spontanément.

Georges écrivit le soir même au ministre de la marine, en faisant surtout valoir une santé profondément altérée par un trop long séjour aux colonies.

La démission fut acceptée et, après ses bons états de service, trouvée toute naturelle en temps de paix par ses camarades de bord.

Pour le mariage, les préliminaires ne furent pas longs. Georges fit correctement sa demande, fut agréé comme gendre par Desmarennes, et deux mois après on put voir à Saint-Christophe une des plus belles cérémonies